Espace – Image

 

Une exposition de Raphaële Bidault-Waddington, du 26 janvier au 21 avril 2023, visites sur réservation.

Finissage le 6 avril de 18h30 à 21h30.

Le jeudi 23 mars à 18h30, table ronde autour du thème « Art et Ville » .

Intervenant·es :
– Marie Lhuillier, architecte HMONP, fondatrice de Poiēma Architecture & Production
– Raphaële Bidault-Waddington, artiste, prospectiviste, fondatrice de LIID Futur Lab
– Stéphane Cachat, architecte DPLG, associé-gérant Atelier Martel

Modérée par Clara Ruestchmann, doctorante en anthropologie (LAP – EHESS/CNRS) et commissaire d’expositions.

Visites et inscription à la table ronde : c.ruestchmann@ateliermartel.com

Dossier de presse


À l’occasion de sa deuxième exposition à Atelier Martel, Raphaële Bidault-Waddington vient présenter un travail en lien direct avec l’architecture. Elle propose un questionnement sur l’espace urbain et ses images (ses constructions, ses imaginaires) et sur la capacité de ces dernières à générer de nouvelles fictions spatiales.

Au fil de ses déambulations dans l’espace urbain, Raphaële Bidault-Waddington a mis en place une pratique de collecte d’images photographiques qui lui sert de base de données pour réaliser ses photomontages. Ici, les images sont intriquées les unes dans les autres, assemblées, recomposées. Si individuellement elles appartiennent à des lieux spécifiques, ensemble elles fabriquent de nouveaux espaces : il n’est alors plus question de savoir où l’image a réellement été prise mais, en la décontextualisant, de penser cet assemblage d’images comme un nouveau réel de référence. En suivant une méthode et un protocole de recomposition numérique de ses images (pour le choix et l’agencement des photographies), l’artiste interroge la manière-même dont on construit le réel.

Raphaële Bidault-Waddington développe dans cette exposition un questionnement autour de la construction par l’image d’un nouvel espace-frontière entre le fictif et le réel. L’artiste part ainsi du constat que le vrai ne s’oppose pas au faux, que l’imaginaire ne s’oppose pas au réel : tout est construction, aussi bien sociale, esthétique que visuelle. Dès lors, la vision panoptique visant à percevoir « l’ensemble», l’espace dans sa totalité, ne peut se penser qu’en relation avec les images qui le compose(1). Les photomontages de l’artistes oscillent alors entre le vrai et le faux, selon le placement, la distorsion, la manipulation qu’elle en fait : vrai espace/faux espace, vraie histoire/fausse histoire se côtoient pour ne former qu’un. En outre, le monde numérique au sein duquel transitent et existent ces images est-il moins réel que le monde matériel dont elles sont issues ?

L’exposition propose à chacun·e de s’impliquer activement dans l’appropriation de ces nouveaux espaces imagés : certain·es recomposeront mentalement l’image pour y retrouver des repères, tandis que d’autres laisseront le trouble spatial généré par ces montages les entraîner vers de nouvelles perceptions d’un espace urbain fictionnel. Ces « architectures d’image », comme les appelle l’artiste, ou architectures dans l’image, génèrent un effet d’espace qui n’est pas sans rappeler le travail des architectes eux·elles-mêmes qui conçoivent également l’espace via des images multiples (photographies de site, plans, images d’archives, etc.).

Par ses assemblages, l’artiste réaffirme ainsi la nécessité de penser les images qui nous entourent dans l’espace urbain comme des formes de réalités potentielles. Se définissant elle-même comme artiste prospectiviste, elle nous invite à nous laisser aller à ces déambulations urbaines et visuelles et à parcourir du regard ces montages qui sont autant de possibilité de redonner à nos imaginaires une place dans la fabrique de nos espaces quotidiens.

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1 Ces questionnements s’appuient notamment sur les travaux de Bruno Latour. Voir à ce sujet l’article « Le tout est toujours plus petit que ses parties » (Latour et al. 2013) et son ouvrage « Paris, Ville invisible » (Latour et Hermant 2021).