HABITER , SOIGNER À DOMMARTIN-LES-TOUL

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Maison d’Accueil Spécialisée de 48 places et un Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés de 40 places

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Parallélépipède de béton aux parois adoucies par l’œuvre d’une artiste, la maison d’accueil et unité de vie pour les longs séjours de Dommartin-lès-Toul (Meurthe-et-Moselle) est un programme innovant dans la prise en charge des personnes épileptiques. Les architectes de l’atelier martel ont placé la vie quotidienne et le sentiment du « chez soi » au cœur de leurs préoccupations, en marge des structures médico-sociales conventionnelles. Les contraintes économiques régissant la construction du bâtiment ont poussé l’atelier à se concentrer sur l’essentiel. Le site, entre pâturages et zone d’activités, force à développer un projet qui fait signe, une « forme forte » capable d’exister dans ce grand paysage. Le volume simple répond à son contexte par son plan carré de 60 mètres de côté qui installe un objet sans avant ni arrière. Si sa forme et ses dimensions peuvent interroger, l’emploi de percements réguliers renvoie à la question de l’habiter. Sa peau unie, presque neigeuse, absorbe chaque rayon de soleil et marque la présence de l’institution dans son environnement.

Le bâtiment, développé en rez-de-chaussée, est conçu selon un plan fonctionnel qui limite les distances à parcourir par le personnel soignant, organise de façon rationnelle les unités de vie et, au-delà, permet à ses résidents – dont les chutes sont limitées par l’absence d’escaliers – de déambuler et se rencontrer dans les couloirs. Les quatre patios qui percent le plan carré structurent ce monde intérieur. Leurs dimensions, orientations et ambiances végétales variées contribuent à une meilleure identification des espaces et là aussi à des pratiques multiples. Pensée selon une distribution sans cul de sac, comprenant rues, places et habitations, la maison d’accueil se réfère à la métaphore albertienne où « la ville est comme une grande maison et la maison est comme une petite ville ». La fluidité et la présence de lumière naturelle dans toutes les circulations mettent en place une dialectique douce entre protection et ouverture. Les espaces intérieurs et extérieurs, conçus selon le modèle du cloître, sont protégés tout en instaurant un rapport direct avec le paysage et la nature environnante composée de champs, de monuments, et, au-delà, de montagnes. L’épaisseur des murs, que révèle le sciage des voiles coulés en place pour percer les tableaux des fenêtres, renforce cette impression rassurante. Une grande attention a été portée aux détails par l’emploi de matériaux simples, bruts mais de qualité : fenêtres et stores sont en bois, les sols sont souples pour atténuer les blessures lors des chutes des résidents.

L’atelier martel a invité l’artiste Mayanna von Ledebur à intervenir très en amont dans le processus de conception. De cette façon, l’œuvre architecturale et celle de l’artiste se confondent, au service du bâtiment. Le travail de l’artiste américaine porte sur le sens d’un bâtiment dédié à l’épilepsie et la façon de le faire exister sans stigmatiser la maladie ou les patients. Son intervention en façade, le développement de la matrice ayant permis de graver le béton brut, se veut une libre interprétation des inscriptions de stèles mésopotamiennes, première mention de l’épilepsie dans l’histoire écrite. Le béton brut, matériau usuel dont l’expression architecturale renvoie à la dureté, est là enrichi, offrant de nouvelles expériences sensorielles, se faisant matière sensuelle et tactile, ronde et douce. Dans ce travail qui porte tant sur l’idée que sur le toucher et la perception, les inscriptions concaves, presque « lunaires » se transforment au gré de la lumière et agissent en trompe l’œil. La collaboration artistique se poursuit à l’intérieur avec un travail sur le repérage, permettant aux occupants, fragilisés par leurs crises, de pouvoir s’orienter sans faire appel à la signalétique hospitalière. Une longue fresque de 100 m² découpée en panneaux et réalisée en tapisserie de laine colorée anime les couloirs. Placée aux extrémités des jardins intérieurs, elle constitue des pièces de lumière qui matérialisent les unités de vie des résidents. Son motif, issu de l’interprétation d’une photographie d’un nuage prise à 6 000 mètres au-dessus du centre, complété de formes dessinées à la main, permet aux usagers de retrouver leur orientation, la tête pourtant dans les nuages.

  • Programme : maison d’accueil spécialisée de 48 places et un Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés de 40 places
  • Client : Office d’hygiène sociale de Lorraine
  • Localisation : Dommartin-lès-Toul (54)
  • Surface : 3 200 m² SHON
  • Coût travaux : 5,2 M HT
  • Calendrier : études 2011 – 2012 ; chantier 2013 – 2015
  • Performance environnementale : s.o.
  • Equipe : Architecte Mandataire , Atelier Martel, BET généraliste , Egis bâtiments Grand Est
  • Artiste : Mayanna von Ledebur
  • Autres intervenants : Mobilier , Régine Le Couteur, FabLab , Nouvelle Fabrique
  • Crédits : s.o.